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La première chose qu’il faut accepter avant d’essayer d’en apprendre davantage sur le dodo est qu’on ne saura probablement que peu de chose à propos de cet oiseau qui ne volait pas et qui est en extinction depuis plus de 300 ans. En tout cas les rumeurs veulent que cet oiseau a existé à la Réunion, vrai ou non ? A vous de vous forger votre opinion après la lecture de cet article.

Le mot dodo est un mot d’origine portugais « doudo » qui signifie nigaud et de l’hollandais « dodaarsen » qui veut dire gros cul lourd. Tout d’abord il faut savoir que le dodo habitait sur l’ile Maurice et qu’il fut découvert en 1507 par les Portugais qui y installèrent une base qu’ils abandonnèrent rapidement. Mais c’est les Hollandais qui nommèrent l’ile Maurice par rapport au prince Maurice Van Nassau, en 1598 et ils découvrirent par la même occasion le dodo. Le vice amiral Wybran van Warwijck raconte que cet oiseau était plus gros qu’un cygne avec une grosse tête couverte de peau comme si vêtu d’une capuche et qu’il n’a pas d’ailes et qu’à l’endroit où normalement il devrait y en avoir il n’y a que quelques plumes noires qui dépassent. Quant à la queue elle se compose de quelques plumes incurvées molles qui sont de couleur cendre. En fait le dodo était plutôt une sorte de gros pigeon ne savant pas voler, il aurait évolué ainsi par l’absence de prédateurs et il faut aussi savoir qu’il n’était pas aussi doux que les descriptions en faisaient à l’époque. Les dodos adultes pouvaient être agressifs, territoriaux. Les Hollandais surnommaient aussi cet oiseau Waighvogel : l’oiseau dégoutant à cause de sa chair qui n’était pas vraiment mangeable mis à part la poitrine même si certains le trouvaient plutôt de bon gout. L’ile Maurice devint un arrêt important pour les bateaux Hollandais aux longs trajets malheureusement les équipages s’amusaient à tuer les dodos pour le sport. Loin d’être stupides et inutiles les dodos étaient très adaptés à leur environnement qui était sans mammifères, leur disparition due par l’humain fut aussi causée par l’introduction de prédateurs dont ils n’étaient pas habitués comme le rat, chats et le porc, leurs habitats furent également détruits, les dodos furent vus pour la dernière fois en juillet 1681. 

Il faut savoir aussi qu’en fait le dodo était illustré dans les peintures notamment comme un oiseau dodu mais les scientifiques croient que le dodo était dessiné à partir de dodos en captivité suralimentés ou de spécimens en surpoids, évoquant la possibilité que le poids du dodo sauvage fluctuait dramatiquement selon la disponibilité de nourriture. Un spécimen complet de dodo exista il appartenait à John Tradescant qui le donna en cadeau au musée d’histoire naturelle de l’université d’Oxford dans les années 1680, malheureusement le musée le brula car il avait été mal conservé et entretenu, c’était le dernier spécimen dans le monde et il n’en reste à présent que quelques éléments : crâne, bec et une patte qui ont été donnés à certains musées.

En 1850 un groupe de zoologistes cherchèrent à l’ile Maurice des ossements de dodo mais n’en trouvèrent pas, très vite le dodo fut dénoncé comme une escroquerie scientifique. L’évidence de son existence fit surface quand un résident de l’ile Maurice, George Clark chercha intensément l’ile et découvrit un certain nombre éparpillé d’os qui furent envoyé à des musées importants pour prouver leur authenticité qui fut approuvée. La première reconstruction du dodo fut faite en 1865 par Richard Owen au British Museum en utilisant des os sous fossilisés et l’inspiration d’une des peintures de Savery. Sa reconstruction et une description scientifique furent publiées mais 3 ans plus tard il se rendit compte qu’il s’était trompé, malheureusement ce fut trop tard pour changer la perception publique du dodo. Des évidences modernes suggèrent que le dodo aurait en fait été plus droit avec un cou et une poitrine plus fins car les oiseaux qui ne volent pas n’ont pas besoin de larges muscles dans la poitrine.

ET LE DODO DE LA RÉUNION ALORS ?

L’ancienne existence d’une espèce de dodo de couleur blanchâtre à la Réunion, distincte du dodo gris bien connu (Raphus cucullatus) de l’île Maurice voisine, a été généralement acceptée par les ornithologues depuis près de deux siècles, mais est basée sur une série d’idées fausses et d’attributions erronées. La description en 1987 faite à partir d’os sous fossilisés, d’un ibis éteint, quasi sans vol, combiné à l’échec continu de trouver les restes d’un dodo-type à la Réunion, a rendu la probabilité d’un tel dodo de plus en plus impossible, mais la croyance de son existence fut crée en fait à partir d’une série de peintures hollandaises du XVIIe siècle représentant des dodos blancs. 

Quand Ysbrantz Bontekoe est incapable d’atteindre l’île Maurice à cause des vents contraires, il s’arrêta à la Réunion en 1619 pour permettre à ses marins malades de se rétablir à terre, il prétend qu’ils ont vu parmi d’autres oiseaux, «des dodos qui avaient de petites ailes mais ne pouvaient pas voler, ils étaient tellement gras, ils pouvaient à peine bouger et en marchant, ils traînaient leur dos sur le sol » Bien qu’aucun visiteur n’ait signalé de dodo à la Réunion, ce reportage du célèbre aventurier Hollandais était le fondement d’une croyance de l’existence d’un dodo à la Réunion et qui a persisté jusqu’à récemment.

En fait il y a de bonnes raisons géologiques de croire qu’aucun dodo n’aurait pu atteindre Réunion. L’ile Maurice et Rodrigues sont volcaniques et des îles âgées de huit à dix millions d’années, alors que la Réunion a au plus trois millions d’années. Après cinq millions d’années ou plus d’évolution sur les deux îles plus anciennes, il est peu probable que le dodo ou le solitaire Rodrigues aurait été capable de voler vers la Réunion nouvellement émergée une fois qu’elle est devenue habitable. Une grande partie de la Réunion, sa faune et sa flore proviennent du biote préexistant de Maurice, à 164 kilomètres de là au nord-est de loin la terre la plus proche, mais il lui manquait complètement les oiseaux communs ne sachant pas voler ou peu aux deux autres îles: dodos et solitaires.

La première mention du solitaire « pays » apparaît dans un texte de Castleton en 1613 : « Il y a une grande quantité d’oiseaux et une grosse espèce de volaille de la taille d’un dindon, si grasse et à ailes si courtes qu’elle ne peut voler ».Dubois en 1672 évoque des « solitaires ainsi nommés parce qu’ils vont toujours seuls. Ils sont gros comme une grosse oie et ont le plumage blanc, noir à l’extrémité des ailes et de la queue. A la queue, il y a des plumes approchant de celles de l’autruche. Ils ont le cou long et le bec fait comme celui des bécasses mais plus gros, les jambes et les pieds comme les poulets d’Inde. Cet oiseau se prend à la course ne volant que bien peu » La Réunion aurait autrefois été habité par un oiseau appelé le solitaire car il était toujours seul et dont le plumage blanc ou jaune clair et le bec en forme de bécasse prouvent qu’il était distinct du dodo de Maurice et du soi-disant solitaire de Rodrigues.

 C’est entre les années 1970 et 90 que des découvertes ostéologiques à la Réunion ont permises de retrouver ce « dodo pays » sur la fouille du Marais l’Hermitage et ces os ont été envoyés à l’université de Lyon 1 où après des analyses et des ressemblances avec le solitaire de la Réunion il fut révélé qu’il appartenait en fait à une sorte d’espèce de gros ibis. On décida alors de donner au solitaire Réunionnais le nom de Threskionis solitarius. Il est étonnant que cet oiseau ait été si peu mentionné dans des récits. Certains scientifiques croient que le dodo blanc de la Réunion était en fait un dodo commun immature ou une phase de couleur du commun dodo (marron), mais que ce n’était pas un dodo albinos puisqu’il avait des ailes jaunes et des griffes noires mais qu’il aurait été une forme leucistique. Le dodo de l’ile Maurice étaient généralement décrits de couleur marron ou grise. Certains croyaient que de jeunes dodos pourraient avoir été amenés de l’ile Maurice à la Réunion par des navigateurs mais aucun ossements de dodo n’a été à ce jour retrouvé pour confirmer ces croyances. Quant aux peintures de dodos blancs que nous évoquions et qui sont généralement utilisés pour illustrer le solitaire Réunionnais elles seraient en fait des erreurs car cet oiseau serait en fait une sorte d’ibis solitaire et donc l’existence du dodo à la Réunion juste un mythe…

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Ibis de la Réunion qui serait en fait le fameux « dodo blanc » 
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